Tuesday, July 28, 2009

Qui a dit que ce blog devait être “sérieux”?


Qui a dit que ce blog devait être “sérieux”? Qui a dit qu’il devait y avoir une certaine cohérence dans les idées ? Qu’il ne fallait pas mélanger ce qui paraît disparate ? Mais bon…un blog c’est aussi fait pour ça.
Commençons par parler du nom vrai nom de Wyclef. Peut-être que vous le saviez, mais moi non. L’haïtien le plus connu de la planète répond au véritable nom de Nel Ust Wycliffe Jean. Voilà ce qui s’appelle un vrai nom d’haïtien! Ce prénom, Nel Ust Wycliffe l’a reçu de son père pasteur s’inspirant du prénom du théologien anglais Wycliffe John. Pour le Nel Ust, je ne vois toujours pas d’où il vient. Ce dont je suis sûr c’est que Pasteur Jean ne manquait pas d’imagination, comme en témoigne les prénoms de deux autres de ses enfants Blandinna Melky Jean et Farel Sedeck Guerschom Jean. Ceux qui sont versés dans l’Ancien Testament remarqueront que le nom du personnage biblique Melkysedeck (Melchisédech en français) a été partagé entre le frère et la sœur. Quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi nous autres haïtiens sommes si créatifs quand il s’agit de trouver des prénoms ?
Sur une note plus sérieuse, mentionnons la parution prochaine du livre de notre compatriote philosophe Wilson Décembre : Vitalité et Spiritualité. L’auteur qui enseigne à Pace University et à la City University of New-York y parle du rapport au monde afro-haïtien en faisant dialoguer les auteurs indigénistes haïtiens avec des penseurs occidentaux comme Nietzsche, Freud ou Sartre. Le livre devrait sortir au mois de septembre dans la maison d’édition française bien connue l’Harmattan.
Bon voilà, j’ai réussi à faire un texte. Cohérent ? J’en doute. Encore une fois si vous avez une théorie pour expliquer la créativité haïtienne en ce qui à trait aux prénoms, n’hésitez pas à la partager avec nous.

Friday, July 24, 2009

Tourisme en Haïti: capitaliser sur Labadie.

Touristes sur la plage de Labadee™.
Les obstacles au développement du tourisme en Haïti sont nombreux, cependant un récent article de la revue spécialisée Travel Weekly signale comment le potentiel d’Haïti peut être mis à profit, notamment à Labadie et le nord d’Haïti en général. L’article recèle pleins d’informations sur l’état actuel du tourisme en Haïti et les possibilités d’extension du secteur. Morceaux choisis accompagnés de quelques unes de mes réflexions:

Haïti reçoit en moyenne 1,5 million de visiteurs par an dont 500 000 touristes étrangers (la quasi-totalité débarquant à Labadie).

Comment profiter de la proximité de la Citadelle et y attirer les touristes de Labadie ? Une route passant par le Cap nécessite réaménagement et assainissement de la ville, une possibilité à plus court terme serait de construire une route passant par la baie de l’Acul pour aboutir à Milot. Autre obstacle : où conduire un touriste accidenté durant l’excursion vers la Citadelle? En effet une compagnie internationale ne s’engagera pas à conduire des touristes à 910 m d’altitude s’il n’y a pas garantie de soins d’urgence en cas d’accident. Sur ce point je me demande si on ne pourrait envisager une coopération avec l’hôpital de Milot (d’une grande renommée dans la région d’ailleurs) où des investissements bénéficiant à la population locale pourraient être consentis tout en garantissant la disponibilité de soins d’urgence pour visiteurs accidentés.

La Royal Caribbean (Compagnie de croisière qui exploite le site « Labadee ») emploie 230 haïtiens de façon régulière et 300 à titre de contractuels.

La Royal Caribbean paie 6$ US par passager à l’état haïtien. Si ma mémoire est bonne je crois que ces revenus sont censés être partagés à part égale entre la commune du Cap-Haitien, le gouvernement central et le CASEC de la section communale où se trouve le village de Labadie (Bande du Nord) faisant de lui-du moins sur papier-le CASEC le plus riche de la république.
Le contrat d’exploitation du site de « Labadee » s’étend à 2026, la compagnie travaille sur une proposition de renouvellement du contrat qui s’étendrait à 2050.

Le site de « Labadee » a une capacité de 8 000 visiteurs mais n’en accueille pour le moment que 4400. Pour accueillir l’ «Oasis of the Seas », le plus grand bateau de croisière du Monde, des travaux sont actuellement réalisés afin d’agrandir le port et de permettre aux touristes de passer directement du bateau à la plage (Ils empruntent actuellement une chaloupe en laissant le bateau pour se rendre sur le site).

Au début de l’exploitation du site (fin des années 80 et début des années 90) , la Royal Caribbean évitait de préciser que « Labadee » se trouvait en Haïti. On informait les touristes qu’ils feraient escale sur l’île d’ « Hispaniola ». Ce n’est plus le cas, la compagnie indique ouvertement que le site se trouve en Haïti.

Il y a Labadie et « Labadee™ ». Labadie est le village de pêcheurs le plus proche du site et « Labadee™ » est la station balnéaire aménagée par la Royal Caribbean qui l’a enregistrée comme une marque déposée (trade mark). La compagnie a opté pour ce nom afin de ne pas effrayer ses clients anglophones avec la terminaison « die » (mourir). Cette décision avait suscité de nombreuses protestations du côté haïtien.

Sunday, July 19, 2009

Moloch Tropical: le blog du dernier film de Raoul Peck sur le Net.

Tournage en plein brouillard à la Citadelle.

Le blog de « Moloch Tropical », dernier film de Raoul Peck tourné en plein Citadelle Laferrière, vaut le détour. L’équipe du film y relate le déroulement du tournage entre avril et mai 2009 et présente les acteurs (dont Jessica Généus, Jimmy Jean Louis et Sonia Rolland ex-miss France) ainsi que le décor et de superbes photos de la Citadelle. Le tournage semble avoir été l’occasion d’une fructueuse coopération avec la population locale. Les habitants de Milot et des environs ont ainsi joué aux figurants, produit la nourriture alimentant l’équipe alors que les artisans locaux construisaient une bonne partie du décor.

À rappeler qu’il ne s’agît pas d’un film sur Henri Christophe, comme certains l'auraient cru. Selon le synopsis, Moloch Tropical raconte les dernières vingt-quatre heures d’un gouvernemnet avant sa chute. «Dans le huis clos d’un palais-forteresse niché au sommet d’une montagne, le « Chef Suprême » entouré de ses proches collaborateurs, se prépare pour une soirée de gala commémoratif, où seront présents dignitaires et chefs d’états étrangers. Mais ce jour-là dans la ville, des barricades s’élèvent. Et c’est là que les choses vont déraper…»













Scène du film: le president entouré de ses hommes (les capois reconnaîtront Rosny Félix à droite).
Au-delà de sa dimension purement artistique, « Moloch Tropical » rappelle, à ceux qui l’auraient oublié, tout ce qu’il est encore possible de tirer de nos ressources propres.
Chapeau à Raoul Peck !
Photos:Marie Baronnet/Blogs ARTE TV: Moloch Tropical

Tuesday, July 14, 2009

CNN/Anderson Cooper : Rèstavèk ou être esclave en Haïti.

Lundi 13 juillet 2009, Haïti est au centre de AC 360⁰, l’émission phare d’Anderson Cooper sur CNN. Le seul pays né d’une révolution d’esclaves est sous les projecteurs à cause, justement, des milliers d’enfants qui s’y trouvent dans un état de quasi-servitude. Le fait qu’un rèstavèk corresponde ou non à la définition du terme esclave fait encore débat dans certains milieux d’Haïti et beaucoup souligneront que Ti Joseph placé chez Tante Violette va à l’école le soir et reçoit deux repas par jour.

Néanmoins, quelque soit votre définition d’un rèstavèk, nul ne peut nier qu’il s’agit d’une condition humainement dégradante. Nul ne peut non plus attendre d’un enfant, qui passe ses journées à vider les pots de chambre (les fameux vaz) et à nettoyer les parquets sous les flots d’injures d’une Matant, qu’il apprenne grand-chose à l’ «école» (dans les cas où il y va) dans l’après-midi.

La Fondation Maurice Sixto et The Restavek Foundation (fondée par Jean Robert Cadet, lui-même ancien rèstavèk ) continuent de mener une campagne active contre le système et une plus grande attention est désormais accordée à la question au niveau international (cf : cet autre émission de CNN sur la question en 2007). Toutefois la lutte contre le « système rèstavèk » sera longue. Elle sera d’autant plus difficile que les conditions de vie du paysan continuent de se détériorer, mettant les parents sous la pression d’envoyer leur progéniture chez une Matant en ville.

La bonne nouvelle est que le sort d’une telle lutte dépend aussi de nos choix individuels. Chacun de nous peut décider de ne pas prendre en charge un Ti Joseph qu’on enverra peut être à l’école en échange de multiples services. Chacun de nous peut en parler autour de nous et travailler à changer les attitudes sur la question.

P.S. : L’ émission d’Anderson Cooper sur les rèstavèk sera en rediffusion ce mardi 14 juillet sur CNN à 10 heures PM (heure de l’est des États-Unis).
Photo:Restavek Rescue.org

Friday, July 10, 2009

Se rendre en Haïti : pas plus risqué que d’aller en République Dominicaine.


Le Canada vient de modifier le « Travel Warning » à l’endroit de ses ressortissants voyageant vers Haïti. Même si le site du Ministère des Affaires Etrangères précise que « les troubles sociaux persistent en Haïti, en particulier durant les périodes électorales », on note qu’Haïti est maintenant placé au même niveau d’avertissement que la République Dominicaine.

Des entrepreneurs haïtiens ont également demandé à Bill Clinton, lors de sa visite en Haïti, d’utiliser son influence pour que le niveau d’avertissement fixé par le « State Department » soit révisé a la baisse. Espérons que nous autres haïtiens ferons le nécessaire pour continuer à influencer les « warning » dans le bon sens.
Photo: Molly Feltne

Sunday, July 5, 2009

Bonne nouvelle : le SIDA en net recul en Haïti.

Micheline Léon et ses enfants. Infectée par le VIH, elle survit depuis 15 ans grâce à l'action de Zanmi Lasante. Source:AP Photo/Ramon Espinosa
Vous vous rappelez peut-être de la fameuse maladie des « 4H ». C’était le nom accolé au VIH/SIDA par le Centers for Disease Control (CDC) aux USA. À l’époque, selon le CDC, les haïtiens étaient avec les homosexuels, les hémophiles et les héroïnomanes les principaux propagateurs du virus. Suite au tollé soulevé par cette classification sans base scientifique et au caractère raciste, le CDC dut renoncer à sa fameuse liste. Cependant le mal était fait. Pour plus d’un, la mise à l’index du CDC contribua notamment à la chute du nombre de touristes en Haïti au milieu des années 1980.

Après qu’Haïti ait fait la une pour le nombre de personnes infectées, les bonnes nouvelles sont là. Le taux d’infection des femmes enceintes est passé de 6,2 à 3,1 % entre 1993 et 2003. Le taux d’infection des 15-49 ans est aussi tombé à 2%. Soit un niveau plus faible que les Bahamas et de bien de pays d’Afrique.

Pour en savoir plus sur ce succès, le récent article de l’Associated Press, From Haiti, a surprise: good news about AIDS, vaut le détour. On y parle notamment de deux acteurs à l’avant-garde de la lutte contre le SIDA: l’haïtien Jean William Pape, directeur du centre GHESKIO, et Paul Farmer, fondateur de l’ONG Zanmi Lasante (Partners in Health) dont le travail dans le Plateau Central a acquis une renommée mondiale.

J’ai quand même quelques craintes. La victoire contre le SIDA en Haïti, se fait-elle aux dépens de la lutte contre d’autres problèmes de santé publique (disponibilité de l’eau potable par exemple) qui aurait pu avoir un plus grand impact ?

Récents articles sur Haïti dans la presse internationale.

flickr.com/fenicio84